
Le Roman du malheur
De Vienne à New York, les écrivains juifs au tournant du XXe siècle
Au tournant du XXe siècle, de l'Empire austro-hongrois aux États-Unis, des écrivains juifs s'imposent pour la première fois comme des figures majeures de la littérature mondiale : Stefan Zweig, Joseph Roth, Arthur Schnitzler, Jacob Wassermann, Italo Svevo, Israël Zangwill, Marcel Proust, Albert Cohen, Irène Némirovsky, Henry Roth et bien d'autres prennent la parole pour dire, tout comme leurs confrères non juifs, les rêves de l'enfance, la recherche de l'amour et de l'amitié, mais aussi les affres de la vie, la jalousie, la stupeur de la trahison, le choc de la violence et de la guerre, la peur de l'exil. Eux seuls pourtant savent, en dépit de leur reconnaissance, l'ambiguïté de leur statut, la précarité de leurs succès : ces écrivains demeurent des intrus au sein des sociétés chrétiennes ; leur judéité les met en porte à faux, leur confère un destin incertain. Aucun d'entre eux ne semble non plus se reconnaître dans les idéologies du moment - du sionisme au marxisme. Dans leurs romans comme dans leur vie, leur désir d'assimilation cohabite avec la nostalgie d'un passé, l'attachement à un monde en voie de disparition, laminé par la modernité. Dès lors, comment échapper à ce malheur qui semble coller à leur peau ?
C'est en sociologue et en historien que Pierre Birnbaum revient à ces grands romanciers du désespoir mais aussi de l'humour dont il a fréquenté les ouvrages depuis toujours, pour se demander, in fine, si la littérature n'est pas le meilleur des guides pour appréhender ce monde d'autrefois.
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