A-t-on assez souligné le rôle de la peinture dans la formation de notre paysage
occidental ? Sans doute, mais en négligeant celui de la technique et
plus précisément des techniques de transport, responsables de ce jeu que cet
ouvrage met en place et anime sous nos yeux.
Chaque mode de transport nouveau impose au voyageur des façons inédites
de faire, de sentir, de voir, de se repérer, chacun est porteur d'une approche
originale de l'espace qui façonne un paysage. Ainsi, au XIXe siècle, le
chemin de fer contraint le voyageur, livré à l'ivresse du glissement, à porter
au loin son regard, les abords immédiats de la voie défilant trop vite pour
qu'il puisse les fixer. Un paysage ferroviaire, fait d'amples variations, prend
alors corps. Avant, on aura vu la route des Lumières, dernier lieu de l'ancien
voyage, puis viendra le paysage apparu avec les premières automobiles, enfin
celui de l'autoroute. La vitesse, la mécanisation et la signalisation construisent
ainsi les scènes de ces paysages en mouvement.
L'approche se fait à chaque fois selon une même méthode : de la genèse
du système de transport, avec ses seuils techniques, économiques et sociologiques,
aux dispositions techniques adoptées, qui bouleversent la perception
de l'espace - chaussée rectiligne et uniforme au XVIIIe siècle, mécanisation de
la traction sur rail au XIXe, autoroutes isolées de leur contexte au XXe siècle.
Illustrée par la visite des villes d'art, une opposition se dessine alors entre les
aménagements traditionnels et ceux dictés par la technique.
Au-delà de l'étude des paysages associés aux transports, cet ouvrage est au
coeur de la réflexion actuelle sur l'environnement.
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