Montée en puissance de la figure d'un nouvel
«ennemi», le terroriste, «combattant irrégulier» sans
territoire, mise en place dans les démocraties de législations
attentatoires aux libertés publiques, remise au
goût du jour de la notion d'«état d'exception» : notre
actualité semble convoquer de manière frappante les
analyses du célèbre philosophe et juriste allemand Carl
Schmitt (1888-1985). Mais quel sens peut-on donner aux
usages politico-théoriques de la pensée d'un auteur
dont on connaît bien aujourd'hui le ralliement actif au
nazisme ? Dans quelle mesure, et à quel prix, Carl Schmitt
nous aide-t-il vraiment à penser notre présent ?
Jean-Claude Monod s'efforce ici d'apporter des
réponses à ces questions. Il montre que des philosophes
marqués à gauche ont ainsi puisé, eux aussi, chez le
juriste le plus controversé du XXe siècle, les instruments
d'une critique du nouvel impérialisme mondial. Mais
Schmitt est-il vraiment le meilleur critique des confusions
de la «guerre contre le terrorisme» ? N'est-il pas
au contraire l'une des sources cachées des raisonnements
juridiques qui servent aujourd'hui à légitimer la
suspension des normes humanitaires et constitutionnelles
les plus fondamentales ? Ce livre montre qu'on ne
peut aujourd'hui ni ignorer ni lire naïvement ce penseur
des limites de la raison libérale.
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